samedi 20 octobre 2018

Dishonored 2- Promenade chez les Steampunks

         Le terme "steampunk" est loin ne ne faire référence qu'à un seul jeu. Il désigne de fait un univers comprenant jeux vidéos, jeux de plateau, livres, bandes-dessinées, films...Mais comme souvent, j'ai fais le choix de partir d'un exemple précis, que je connais plutôt bien pour élargir la discussion.

On note les uniformes, le trait du dessin, le bâtiment en arrière-plan, tous témoignant d'une vision revisitée de l'ère victorienne


En effet Dishonored 2 (je sais qu'il existe un dishonored 1 et une sorte d'extension au 2 est sortie cette année, ou l'année dernière, mais c'est le seul auquel j'ai joué), nous propose une aventure  dans une dimension parallèle  où un Empire des Iles aux airs d'empire britannique période victorienne serait LA grande puissance, dirigée par une impératrice et un protecteur royal. Maisons fastueuses avec pianos, boiseries, fauteuils, tables, bibliothèques...tout y est. Là où la différence se joue vraiment, c'est que dans ce monde, les machines à vapeur (steam en anglais) présentent généralement une apparence et des capacités plus "abouties" que dans la réalité :
 
la lampe, la tenue, le cadran du canot à vapeur, la plaque en anglais et au lettrage caractéristique, autant d'indices nous plaçant dans l'univers steampunk

Ainsi, le joueur doit notamment affronter des automates rappelant les droïdes de Star Wars, ce qu'il peut faire à coup de mousquet, d'arbalète classique ou modifiée au point de pouvoir tirer des traits incendiaires, et tenant plus esthétiquement de Jules Verne que de la réalité, de mines collables sur les murs afin de libérer une décharge électrique sur les ennemis, ou encore d'un pouvoir lui permettant de trans-planer (mais pas à travers les grilles, le jeu se présentant comme une succession d'aires fermées et non pas comme un véritable "monde ouvert" : à charge pour nous de trouver le bon passage) mais dont nous ne sommes pas les seuls à jouir : toute une flopée d'ennemis, généralement adeptes de la magie noire (forcément ?) en sont également dotés.

De même pour les moyens de transports, outre les bateaux à vapeur, le joueur est par exemple amené à se servir d'un genre de voiture aux formes élégantes montée sur rails.

Pour le côté "punk", il s'agit souvent de personnages en marge de la société, évoluant dans les "bas-fonds", que ce soient les "Hurleurs", une bande cherchant à prendre le contrôle d'un quartier laissé à l'abandon par le nouveau duc, notre héros (ou héroine, puisque l'on peut choisir d'incarner soit l'impératrice, soit son protecteur royal), qui se retrouve exclu du monde du palais et va devoir arpenter lesdits bas-fonds; les compagnons de notre personnage; notre principal adversaire (qui aurait pu être tiré des histoires de Charles Dickens)...

 Enfin, je tenais à parler de ce jeu, car au-delà de l'entrée qu'il offre dans l'univers steampunk, il a l'intérêt de proposer un nombre assez élevé d'écrits à récupérer et à lire (journaux intimes, articles scientifiques décrivant villes, machines, espèces...) qui sans atteindre les plusieurs dizaines de pages à l'unité des plus volumineux volumes présents dans Skyrim, reflètent je trouve assez bien l'image du XIXe siècle foisonnant d'inventions atypiques et d'écrits, à la manière d'un Sherlock Homes : The Devil's Daughter, dont je parlerais sans doute dans un autre article. 

samedi 13 octobre 2018

Ryse Son of Rome - une tragédie antique

Encore un sujet d'article que j'ai longtemps tenu refoulé. En effet, l'envie remonte à l'époque ou France Culture multipliait les émissions consacrées aux jeux vidéos. Forcément intéressé par l'idée de mêler philo et jeu vidéo, je les ai dévoré avidement. Je fus néanmoins consterné quand l'invité de l'une d'entre elle fit le choix pour moi tant étrange qu'incompréhensible de comparer la violence graphique de l'Iliade d'Homère avec...GTA ?! 
(je la remplacerais par une de mes propres captures d'écran mais voilà une image du jeu avec le cachet de l'éditeur)

Bien sûr la comparaison au niveau de la violence crûment décrite se défend. Et dans un monde où aucun jeu ne retranscrivant la violence antique dans son époque n'existerait, je le recevrais volontiers.

Seulement voilà, les jeux se déroulant dans un contexte antique et faisant étalage de violence sont légion. Et s'il fallait en choisir un, ce serait certainement Ryse : Son of Rome.

Nous transportant dans la Rome de Néron, empereur romain du Ier siècle après Jésus Christ, le jeu a la particularité de se présenter d'emblée comme la retranscription vidéoludique du film Gladiator avec tout ce que cela comporte d'exagération en termes d'hémoglobine et de liberté prise avec l'Histoire d'une part;

Mais également, et c'est cela que j'ai personnellement trouvé fascinant, comme l'adaptation en jeu vidéo d'une tragédie : dans ce jeu, nous incarnons un soldat romain qui, comme l'intrigue le dévoile au fil des 8 actes (encore une référence au théâtre), est inexorablement conduit vers son destin.   

3e dimension du jeu qui m'a frappé : la vision du monde. Dans ce jeu, les différents personnages romains développent un discours que l'on a coutume de retrouver dans les ouvrages de l'époque qui nous sont parvenus : Rome est la civilisation; les "barbares" n'en veulent pas et sont prêts à tout pour la détruire. L'image peut paraître un peu convenue, mais cette vision me paraît plutôt bien amenée. 

Ceci bien en tête, même la représentation pour le moins folklorique des "barbares" s'en trouve justifiée : après tout, auteurs latins et grecs ne sont guère réputés pour avoir fidèlement représentés les autres peuples.


Le "gamer"- un joueur en ligne ?

Il me semble que c'était l'année dernière. Naviguant négligemment sur Internet, je tombe sur l'annonce que le Larousse, dans sa nouvelle édition, a introduit le mot "gamer" parmi ses entrées. Au-delà de l'anglicisme qui je trouve prête à sourire, c'est la définition donnée qui m'interpelle : "amateur de jeu vidéo en ligne". Ma première réaction fut de crier à la révolution : "c'est n'importe quoi ! Y a pas besoin d'une connexion internet pour jouer ! Ca c'est un coup des éditeurs et autres distributeurs qui veulent nous forcer à jouer via internet ! C'est comme tous ces jeux prévus pour être jouer seuls qui ne se lancent pas si t'as pas de connexion !!"  

Ma fureur passée, je tourne et retourne l'information : que signifie ce choix de définition ? Sans doute une tentative de "cerner" le joueur type. Sauf qu'a priori, le bât blesse : il existe une infinité de catégories de jeu, de temps consacré à l'activité, avec en plus des entrecroisements permanents : ainsi un amateur de jeu d'action peut tout autant s'adonner à des jeux de gestion; un mordu de jeux "sérieux" à des jeux dits "défouloirs". 

Prenez mon cas par exemple : j'aime quand un jeu me berce avec des musiques enivrantes, me transporte dans un monde féerique, avec des dessins très travaillés, une histoire bien écrite...Et pourtant je peux tout autant jouer à des jeux impliquant baston léthale ou partie de rugby incontrôlable.

De même, grand passionné d'histoire, je passe sans doute plus de temps à jouer dans des univers "fantasy" qu'historiques, tout en n'hésitant pas à passer des heures à lire les livres que proposent le jeu (si si, des jeux comme Skyrim offrent la possibilité de lire un livre, parfois d'une à deux pages, mais également des ouvrages de plusieurs dizaines). 

Sans être parfaitement éclectique, je suis en somme un joueur "touche-à-tout" avec des sensibilités prononcées. C'est cela d'ailleurs que je trouve merveilleux dans le jeu vidéo : deux joueurs peuvent partager une passion commune pour certains types de jeu, tout en ayant leurs propres préférences. 

Enfin, bien que plutôt consommateur de jeu "solo" et hors ligne, je peux tout aussi bien trouver mon compte dans les jeux en ligne, ne serait-ce que parce que ces derniers proposent parfois la poésie qui m'attire tant. Je n'éprouve pas a priori une hostilité envers ce type de jeu, mais je m'inquiète de voir la communauté des joueurs réduite à cette catégorie-là.



Introduction - Réfléchir quand on joue à un jeu vidéo

fond d'écran Total War : Three Kingdoms (PC)

Si j'ai fais le  choix de commencer ce blog, c'est que friand consommateur de jeux vidéos, je me suis rendu compte très vite d'une chose à la lecture des différents tests et de ce que peuvent en dire les différents médias : la manière de le penser, notamment à travers le seul prisme du cinéma m’apparaît réductrice. De même, les titres mis en avant, notamment la série des GTA et Fortnite me semblent contribuer à réduire le joueur à un simple amateur de violence plus ou moins bien justifiée par une soit disant sociologie en profondeur ou un impact bénéfique sur le cerveau.

Ce qui m'intéresse personnellement dans un jeu vidéo, c'est le message qu'il véhicule, la vision du monde qu'il transmet, son esthétique, son ambiance, les mécanismes de jeu : qu'est-ce que le jeu attend de moi ? Quelles sensations/émotions me transmet-il ? En effet si je parle d'émotion c'est qu'il m'est assez souvent arrivé d'avoir les larmes aux yeux en jouant. Egalement d'être en colère : "oh là là, ce jeu n'est pas dur, il est juste très mal conçu, et pourquoi je me fais toucher à travers le mur ?"

Ce sentiment d'injustice, qui me fait sourire quand j'y repense à tête reposée, traduit bien pour moi le fait que jouer à un jeu vidéo peut tout à fait faire travailler l'esprit. Et c'est là tout l'enjeu pour moi : de quel imaginaire tel jeu est-il porteur ?

Bien entendu, je ne prétend pas que tous les jeux soient "intelligents" et autant d' invitations à la réflexion. Cependant, j'éprouve le besoin de faire part de mes propres expériences de joueur. Et si je peux un peu sortir des sentiers battus, tant mieux !